En traçant les diagonales des fenêtres, j'obtiens deux lignes nouvelles. À celle-ci j'ajoute la zone de l'angle droit qui vient croisé le coin supérieur du format. En apposant les différentes hauteurs définis pour l'ensemble du mobilier, j'obtiens de nouveaux points de jonctions avec les diagonales des fenêtres. À chaque entrecroisement, je tire une ligne verticale qui pourra rationellement définir des points d'arrêts et des points de commencement pour les volumes du mobilier.
Ici, j'ai déterminé une moyenne des hauteurs de mobilier à partir de l'étude comparative des systèmes de mesures les plus courants (mémotech bois et matériaux, modulor…). À partir de proportions de mon corps et les contraintes spatiales de l'intérieur de la cabine du camion, j'ai pu établir une série de mesure nécéssaire à mes besoins.
Position :
- - assise
- - debout
- - allongé
Fonctionnelle :
- - hauteur meuble cuisine suspendue
- - hauteur lit
- - hauteur bar
- - hauteur plan de travail
- - hauteur bureau
- - hauteur assise
- - hauteur assise basse (banquette)
A = 196,1 x 398,6 cm
B = 195,7 x 200,5 cm (avec réduction de la structure du plafond)
C = 196,1 x 398,6 cm
D = 190,5 x 196,6 cm (sans le chassis acier)
Avant-propos
—
Aujourd’hui comme hier, et sans doute comme demain, prétendre ouvrir à la connaissance le très complexe processus de conception architecturale, c’est accepter de se soumettre à la critique du corps institutionnel des théoriciens de l’architecture. […] d’une part, ceux qui prônent l’intérêt et la nécessité de s’interroger théoriquement sur ce processus inéluctable, et d’autre part, ceux qui le placent au sein des sujets trop controversés de la recherche architecturale […] On retrouve par ailleurs les mêmes convictions duales au sein de la corporation des architectes praticiens. […] justifie l’obligation qui nous est faite de se poser la question, d’une manière ou d’une autre, et de tenter d’apporter des éléments de réponse sur la nature profonde du processus de conception architecturale, […] C’est sur ce constat factuel, et au regard de notre triple expérience de praticien, d’enseignant et de chercheur, que repose notre motivation à mener cette recherche, […] Elle ne prétend ni à l’universalité, ni même à l’exhaustivité, mais simplement à apporter des connaissances […] Afin d’éviter l’écueil de la généralisation d’une réponse, à une question qui possède en soi de multiples facettes et une connotation historiquement dogmatique, nous nous sommes volontairement détournés de la question générale du processus de conception, pour nous intéresser à celle, plus limitée mais plus précise, du rôle de la construction dans le processus de conception architecturale contemporaine, au travers de l’expérience d’une certaine catégorie de praticiens, particulièrement enclins aux questions constructives, avec comme chef de file, l’architecte italien Renzo Piano. […] « le modèle proposé n’a ni le statut de méthode ni celui de doctrine pour concevoir. Il cherche avant tout à montrer quels sont les grands registres de problème attachés à la notion de conception et en quoi ils sont irréductibles les uns aux autres »
Introduction
—
L'objectif principal de cette thèse de doctorat est de porter un nouveau regard sur le processus de conception architecturale, au travers des cultures constructives, en tissant des liens étroits entre théorie et pratique. L'ambition première de ce travail de recherche est de proposer un modèle original du processus de conception architecturale, intimement lié aux cultures constructives, autant dans sa signifiance théorique que dans sa pédagogie appliquée. Au travers de cette étude, nous avons cherché à comprendre et à expliquer comment certains architectes investissent prioritairement le champ de la construction pour conceptualiser leur projet et dans quelle mesure la question de la matérialisation organise leur processus de conception. La recherche se développe selon trois axes distincts, bien qu'interdépendants, définis à partir de trois états de faits :
- - Le rapport théorie/pratique : Les recherches et les ouvrages théoriques sur la conception architecturale s'appuient sur des études généralistes trop éloignées de la réalité de la pratique professionnelle. Les biographies d'architectes et les monographies de projets s'adressent, par essence, à un large public et ne contiennent pas, ou très peu, de positionnements théoriques et méthodologiques. La thèse propose de faire le lien entre ces deux approches complémentaires de l'architecture en étudiant le processus de conception dans le rapport qu'il entretient entre théorie et pratique.
- - Le rôle de la construction : L'importance des cultures constructives n'est pas suffisamment considérée par les travaux de recherches sur le processus de conception architecturale et la manière dont les praticiens les interrogent lors de la conception sort difficilement du cadre confidentiel des agences d'architecture. La thèse propose de porter un regard épistémologique sur le rôle déterminant de la construction dans le processus de conception de l'architecture contemporaine.
- - La pédagogie du projet : Dans les écoles d'architecture française, il est souvent fait état d'un enseignement trop « mimétique » et pas suffisamment « méthodologique » du projet, vecteur essentiel de la formation des architectes. La thèse propose de définir des éléments de réflexion théorique et méthodologique de la pratique architecturale liés à la pédagogie du projet, à la pédagogie de construction et à la recherche architecturale. Si elle y parvient, la thèse aura répondu à la question-titre qui la sous-tend : Les enjeux de la question constructive dans le processus de conception architecturale des architectes-constructeurs. […]
Le corpus de recherche est composé d’une douzaine d'entretiens semi-directifs qui ont été menés auprès d'architectes-constructeurs, de recherches bibliographiques ciblées sur le rapport conception/construction et sur la théorie du projet, et d'une expérience personnelle d'architecte praticien conséquente, […] La mise en parallèle des deux principaux constituants du corpus — les interviews d'architectes-constructeurs et l'étude du mode de pensée de Renzo Piano — au regard des ressources bibliographiques étudiées, a permis de consolider les hypothèses de départ et d'en faire émerger de nouvelles. […] La présentation des résultats est structurée en quatre parties distinctes et ordonnées de sorte que chaque partie puisse s'appuyer sur la précédente pour se développer :
- - La première partie fait un état de l'art de la recherche sur le processus de conception architecturale et précise le positionnement théorique de la thèse par rapport à celui-ci, en décrivant le corpus de recherche et la méthodologie adoptée pour l'étudier.
- - La deuxième partie restitue l'étude proprement dite du corpus, fondée sur l'analyse comparative et critique des d'entretiens d'architectes au regard des autres éléments du corpus.
- - La troisième partie constitue la partie principale de la thèse, en proposant une modélisation du processus de conception architecturale, soutenue par une interprétation théorique de l'étude du corpus.
- - La quatrième partie apporte des éléments de réflexion sur l'enseignement du projet d'architecture et de la construction dans les écoles d'architecture, à la lumière des nouvelles connaissances générées par la recherche.
Chacune des quatre parties comporte sa propre introduction et ses propres conclusions, qui assurent entre chacune d'elles une transition logique et fluide en même temps qu'elles participent à la cohérence d'ensemble […]
Positionement
—
« Les processus de conception sont devenus bien peu intelligibles depuis que la modernité en a fait exploser les références obligées. Tout se passe comme si, après avoir dénoncé le caractère inadapté de la pratique héritée de l’enseignement des Beaux-Arts, les architectes s’avéraient incapables d’envisager une démarche alternative qu’ils soient en mesure de théoriser et de partager. Or pour comprendre la création contemporaine, on ne peut se contenter de décrire des actions particulières, des œuvres singulières. D’où l’intérêt d’interroger les processus de conception dans ce qu’il ont de commun, à savoir la construction de l’objet, pensé et imaginé sur la table à dessin. Un tel objet en effet, pour devenir architecture, doit nécessairement rencontrer, à un moment ou à un autre, les forces de la production »88. Partant du même constat, la finalité de cette thèse de doctorat est d’établir dans quelle mesure toute tentative de théorisation du processus de conception architecturale ne peut se soustraire, dans ses fondements, à « l’idée constructive », pour reprendre un terme cher à Jean Prouvé. Ceci dans le champ de l’architecture contemporaine et dans les limites de notre culture occidentale. Il s’agit de « réhabiliter » la construction au sein du processus de conception architecturale, en tant qu’outil de conceptualisation, au même titre que tout autre fondement du projet. Explorer, sans doute à contre-courant des discours établis, les conditions d’émergences, symboliques, physiques et matérielles, du projet (construit) d’architecture au long d’un cheminement qui relie, pour ne pas dire unifie, sa conception à sa matérialisation, au travers des questions techniques. […]
A4 est le format de papier le plus fréquemment utilisé dans le monde, ayant une dimension de 210 × 297 mm. Il est issu de la norme ISO 216.
La norme internationale ISO 216 (ICS no 85.080.10) définit les formats de papier normalisés par l'ISO. Formats utilisés dans la plupart des pays dans les années 2020 à l'exception des États-Unis et du Canada, cette norme définit notamment le format A4 qui correspond à une feuille rectangulaire de 21 cm de largeur par 29,7 cm de longueur. L'ISO 216 définit deux séries de format de papier : A, B.
Le format A0 a par définition une surface de 1 m2 et un ratio longueur / largeur de √2, choisi pour maintenir le même ratio à chaque fois qu'on coupe en deux ou plie une feuille perpendiculairement au grand côté1. La racine carrée de deux, notée √2 (ou parfois 21/2), est définie comme le seul nombre réel positif qui, lorsqu’il est multiplié par lui-même, donne le nombre 2, autrement dit √2 × √2 = 2. C’est un nombre irrationnel, dont une valeur approchée à 10–9 près est :
- √2 ≈ 1,414 213 562.
|
|
|
||
---|---|---|---|---|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- —
- P.07
- « Dire assez ( au lieu de plus) signifie redéfinir ce dont nous avons réellement besoin pour vivre une bonne vie. » […] Nous vivons aujourd’hui une crise sanitaire qui dure depuis deux ans et qui chamboule notre mode de vie, nos points de repère et nos relations sociales; la menace climatique se révèle chaque jour avec plus d’urgence et d’agressivité; la guerre en Ukraine bouleverse l’Europe et les relations politiques et économique du monde entier. L’architecture, dont l’homme est le destinataire ultime, ne peut se mettre à l’écoute de ces événements pour questionner en retour l’habiter, le bâtir et les façons d’en débattre. […] nous parle de résistance, de l’urgence de penser à une alternative radicale, de la nécessité d’adopter un mode de vie (re)fondé sur le sens.
Claudia Mion, note éditoriale, juillet 2022
- —
- P.13
- […] « less is more » célèbre la valeur éthique et esthétique d’une économie de moyens auto-imposée. […] l’idée que la crise actuelle soit une opportunité de faire […] « more with less ». C’est pour cette raison que « less is more » n’est plus seulement un principe esthétique, mais le cœur d’une idéologie différente dans laquelle l’économie d moyens ne serait pas seulement un principe esthétique, mais le cœur d’une idéologie différente dans laquelle l’économie de moyens ne serait pas seulement une stratégie de conception, mais un impératif économique tout court.
- —
- P.32
- « Le personnage destructeur ne connaît qu’un seul mot d’ordre : faire de la place. Et une seule activité : se débarrasser. Son besoin d’air frais et de grand espace est plus fort que toute haine. »
- —
- P.33
- […] la vie elle même est façonnée comme une œuvre d’art. […] en adoptant délibérément un mode de vie précaire […] utiliser la ville elle m^me comme une vaste habitation
- —
- P.34
- […] La meilleure représentation de cet idéal de vie est peut-être le projet Co-op Zimmer de Hannes Meyer […] la chambre de Meyer devait illustrer un mode de vie dans lequel le nomadisme et le déracinement croissants seraient reflétés par un intérieur facile à habiter. […] Ici, intimité n’équivaut pas à propriété, mais plutôt à la possibilité de la solitude et de la concentration
- —
- P.35
- […] moins n’est pas plus, moins est juste assez […] elle suggère un sentiment de calme et de bien être hédoniste.
- —
- P.40
- […] Être un ascète signifie exercer une maîtrise de soi constante, être conscient de son corps et de son esprit et les entraîner constamment vers le but de vivre selon ses propres principes.
- —
- p.42
- […] Si l’art et le design jouent un rôle fondamental dans l’amplification des connotations idéologiques de l’austérité, ils peuvent également offrir la piste d’alternatives radicales. […] il existe plusieurs exemples d’artistes qui ont compris comment leur vie, même dans ses détails quotidiens, fait partie intégrante des principes artistiques de leur œuvre.
- —
- P.45
- […] il a insisté sur le fait que ces cellules étaient conçues pour lui-même et qu’il n’avait pas l’intention que d’autres y vivent. […] Nous voyons ici l’aspect fondamental de l’ascétisme, qui est une pratique toujours centrée sur soi et non quelque chose qui doit être imposé aux autres. […] Absalon les destinait à imposer une discipline très stricte à son existence.
- —
- P.46
- […] Absalon a affirmé : « Je ne peux pas imaginer une vie sans structure, je suis sûr que je dois créer de nouvelles règles pour échapper aux autres règles. C’est une sorte de technique de vie. Inventer de nouvelles règles, des contraintes, malgré le fait que ça puisse être contraignant, créer ses propres contraintes, je pense que c’est la meilleure façon, je ne peux pas en imaginer d’autres. »
- Il est intéressant de noter qu’Absalon ne voulait pas que ses projets soient compris comme un geste utopique. Il a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’avait aucun intérêt à aborder un quelconque programme social plus large. Son seul objectif était de changer sa propre vie, consciemment. Contrairement à de nombreux artistes et designers, il s’est concentré sur sa propre vie comme forme ultime de son œuvre. […] Aujourd’hui, de nombreux artistes, architectes et designers ressentent le besoin de promouvoir le changement social par leur propositions de projets, mais ils se penchent rarement sur leur propre existence, qui constitue pourtant la base de leur production.
- —
- P.47
- […] Dans ces conditions, le slogan « less is more » apparaît au mieux, comme un commentaire sarcastique sur notre condition de plus en plus précaire, car nous savons maintenant que moins, c’est juste moins […] c’est précisément dans le travail créatif, où le frontière entre le travail et le non-travail est impossible à tracer, que la vie elle-même est devenue la principale source de production (et d’exploitation) […] L’héritage des pratiques ascétiques devrait être compris comme nous donnant les moyens de changer le statu quo en nous concentrant sur nos vies dans tous leurs aspects matériels et organisationnels comme une possibilité de changement.
- —
- P.48
- […] il nous donne une image correcte de notre condition, mais il nous permet aussi de redéfinir ce qui est vraiment nécéssaire et ce qui ne l’est pas, en dehors du régime de pénurie imposé par le marché. […] Toutefois, ce moins ne doit pas être transformé en une idéologie : moins n’est pas plus, moins est simplement moins.
- Réalisé par Stan Neumann
- Écrit par Richard Copans, Stan Neumann
- France • 2004 • 26 minutes • Vidéo • Couleur et Noir & Blanc
Dans une France où le béton est roi, Prouvé est l’homme du métal, de la tôle pliée puis de l’aluminium. Dès les années trente, il essaie de rationaliser la conception de ses bâtiments, rêvant d’une industrie de l’habitat qui construirait des maisons avec la même précision, que celle avec laquelle on construit voitures et avions. C’est ce qu’il appelle « remettre l’architecture à l’endroit ». Il conçoit plusieurs modèles de maisons individuelles à bas prix, en kit, et à monter soi-même, prêtes pour la fabrication en série. Des maisons intelligentes, fonctionnelles et nécessairement belles.
La maison qu’il construit, dans des circonstances dramatiques, sur les hauteurs de Nancy pour lui-même et sa famille en l’espace de quelques semaines de l’été 1953, incarne de façon particulièrement émouvante les conceptions et la liberté de ce constructeur de génie dont se réclament aujourd’hui aussi bien Renzo Piano que Jean Nouvel ou Rem Koolhas.
« La maison construite par Jean Prouvé en 1954 à Nancy pour loger sa famille est réalisée dans l’urgence à partir d’éléments industriels hétérogènes, récupérés de son usine de Maxéville. Les photographies de l'époque témoignent de l’audace du chantier, où l’architecte invente de nouvelles techniques avec l’aide de parents et amis. Les maquettes permettent de comprendre comment cette stratégie constructive engendre des qualités spatiales inédites.
À quoi peut ressembler la maison d’un architecte autodidacte, dédaigneux de tout formalisme qui, à la fin de la guerre, a imaginé, dans son atelier de forgeron d'art devenu véritable usine, des unités préfabriquées destinées à loger les sinistrés de Lorraine ? Chassé de l'usine par un nouvel actionnaire et sans travail, Prouvé doit improviser. Construite sur une étroite terrasse en hauteur d’un terrain sablonneux, la maison est embusquée au cœur d'une dense végétation. Des poutrelles métalliques sont posées à même le sol et boulonnées à l’arrière à des équerres de tôles fabriquées par un serrurier. Le toit sans charpente est formé de grands panneaux de bois contrecollés. Une structure légère (panneaux de bois ou d'aluminium et grande baie vitrée) vient clore en façade une maison tout en longueur, sur un seul niveau, où chambres à coucher, salle de bains, grand séjour, cuisine et buanderie définissent un espace fluide et linéaire, qui illustre « une façon de rêver au contact du réel ». »
(Annick Spay)
- Réalisation :
Stan Neumann - Écriture :
Richard Copans, Stan Neumann - Assistanat de réalisation :
Hélène Goussu - Image :
Katell Djian - Montage :
Juliette Garcias, Stan Neumann - Voix Off :
François Marthouret, Guy Chapellier
- Production (structure) :
Les Films d'ici, Marie Guirauden - Diffuseur coprod. :
ARTE France - Participation :
Centre Pompidou, CNC, Direction de l'Architecture et du Patrimoine, Ministère de la Culture et de la Communication - Ayant droit :
Les Films d'ici, Marie Guirauden
- N° ISAN :
ISAN 0000-0001-9CE2-0015-T-0000-0000-O
—
Notes
—
—
03 :22
« En perdant Maxéville, je perdais tout. Du désastre il ne me restait que mes mains, un cerveau choqué, sans aucunes réserves financières et une grande famille à faire vivre. Le comble c’est que c’est à cette période que j’ai dû construire ma maison. »
—
10 :25
« Seul ici compte l’économie de travail et de matériaux. » « Tout ce que je vais fait a toujours découlé d’une pensée qui était instantanément constructive. Je n’ai jamais eu une vision ou une forme à l’esprit. Je n’ai pas de style. Je n’ai jamais dessiné de formes. J’ai fais des constructions qui avaient une forme. »
—
16 :05
« C’est une maison de bric et de broc, c’est pour cela qu’elle a un aspect hétérogène. Cela n’a pas d’importance. Elle est un peu bricolé, mais tout les éléments se sont assemblés ensemble sans problèmes, parce qu’ils étaient partie intégrante d’une production cohérente. J’ai seulement sû comment faire des variations. Exactement comme Bach a sû faire des variations sur certains thèmes. »
—
19 :50
« Cette courbe n’a pas été dessinée. C’est venu à l’observation. Car on ne peut pas imaginer si l’on ne manipule pas, qu’un panneau de bois puisse être souple comme cela. C’est le genre de chose que l’on ne trouve pas sur une planche à dessin. Rien n’est plus déprimant qu’une planche à dessin, la feuille de papier devant laquelle on essaie d’imaginer une construction, que l’on dessine, que l’on déchire, que l’on détruit et que l’on recommence à nouveau. Sur le chantier on ne déchire pas, on ne détruit pas. On construit. »
—
22 :20
« Je suis un ouvrier qui a fait son métier, tout simplement. Et qui a tenté, par volonté, de construire avec les moyens les plus modernes que je pouvait découvrir à l’époque où j’ai fait les choses. C’est ça qui m’intéressait. Chaque époque doit marquer son temps mais je trouve que actuellement, rien ne marque notre temps en matière d’architecture. À part l’exception. Et je trouve qu’il est navrant que ce soit l’exception. Tout ce qu’on fait pour le plus grand nombre, c’est laid, c’est moche, c’est trompeur, c’est de l’escroquerie. C’est ça qui m’apparaît grave. C’est qu’on ne sait pas avec quoi c’est fait. On fait tout avec n’importe quoi, pourvu que ça ressemble à quelque chose de connu. C’est en somme l’apologie du formalisme. Et pour moi le formalisme c’est la négation de l’architecture. »
Christian Debize, Jean Prouvé au centre de la pédagogie en design
—
P.25
[…] N'allions-nous pas renouer avec les tropismes bien connus de l'histoire de l'art qui identifie, classe, étiquette et, disons-le clairement, normalise, […] Ni architecte, ni ingénieur, nir artiste ou industriel, peut-être constructeur, bâtisseur, producteur, inventeur, bricoleur de génie, ouvrier, […] assurément millitant, […]
—
Une des missions essentielles d'une école d'art est d'être en position de recherche, de déplacer les points de vue et d'observer la réalité dans une perspective oblique.
—
Jean Prouvé Designer
—
Paroles
—
Jean Prouvé — Construire un meuble
(extrait de Une architecture par l'industrie, p 142-143)
—
Les sections d'égale résistance et les tracés rigoureux en découlèrent, mis en valeur par le raffinement de détail et les qualités de finition. […] Un meuble ne se compose pas sur une planche à dessin. Je considère comme indispensable de l'ébaucher dès qu'il est pensé, de l'éprouver, de le corriger, de le faire juger, puis, s'il est valable, d'en préciser alors seulement tout les détails par des dessins très stricts
—
Norman Foster, Jean Prouvé, maître de la « forme structurelle »
(l'article original a été publié dans Arquitectura viva, n°149, V-VI, 2011)
—
p.201 […] Il crée un environnement de travail où conception et fabrication font partie du même processus avec, en fil rouge, la recherche de nouvelles techniques. Cela me rappelle Otl Aicher, pour qui l'atelier de Rotis était essentiellement un laboratoire de création et où l'expérimentation tenait lieu de mode de vie. Tout y était analysé et entrepris avec le même soin et le même souci du détail, qu'il s'agisse de "designer" une nouvelle police de caractères ou de déterminer la manière idéale de peler un oignon […)
—
[…] Prouvé considère qu'un objet bien conçu doit être discret et ne pas attirer l'attention sur lui.